mardi 30 août 2011

Je vous avais dit que j'étais en secondaire un, cette année? En fait j'enseigne en univers social, en première année du premier cycle. Entre vous et moi, j'enseigne l'histoire et la géo. L'an passé, je vous aurais dit que j'enseigne la géographie jusqu'en février et l'histoire ensuite, jusqu'à la fin juin. Cette année, nouveau bullletin oblige, la semestrialisation n'est plus possible.

Ah, vous ne saviez pas? Le nouveau bulletin national entre en fonction cette année et pour une raison qui m'échappe, vraiment, (éclairez-moi siouplaît quek'un) nous sommes passés d'une année scolaire divisée en quatre étapes (comme dans not'temps. Aaaaahh le bon vieux temps!) à une année divisée en trois étapes. Du coup, trois étapes, ça ne se divise pas en deux. Mais surtout, miss la minisss veut maintenant que l'on évalue les deux matières à chacune des étapes. Tout cela mis ensemble, cette année ne pourra pas se diviser en deux, alors ce sera un petit peu de géo par ici, un petit peu d'histoire par là!

J'ai hâte de voir à quoi ressemblera la logistique.

Aujourd'hui j'ai eu la chance de rencontrer 24 petits êtres très fébriles! En fait je devrais dire 24 gros sacs à dos derrière lesquels se trouvaient 24 petits êtres fébriles.

C'était la rentrée des plus petits parmi les petits et ils ont fait ça comme des grands. On oublie vite qu'elle étape cruciale de la pré-adolescence ça avait été, l'entrée au secondaire. Pour ma part, je me rappelle que ça avait été rough pas mal. Je quittais la petite école de quartier lavalloise pour le méga-giga-gros-que-dis-je-immense collège privé montréalais. Tous mes amis allaient à la polyvalente, mais moi pas. Y'en avait que trois de mon école, amanchées comme moi, i.e. qui iraient à la même école que moi: la fille jolie et brillante qui se prenait pour une autre, l'autre ultra gentille mais avec qui je n'avais rien, mais alors là rien du tout en commun, pis finalement la troisième qui avait jadis été une amie mais qui n'était plus qu'une vague copine. J'en ai tellement voulu à ma mère de m'imposer cet exil en terre étrangère. Presqu'en terrain hostile, pour la jeune fille appeurée que j'étais. Elle disait qu'elle le faisait pour mon bien, qu'un jour je la remercierais... j'aurais dû mieux écouter quand elle disait que les mamans ont toujours raison. Aujourd'hui, mon rôle de mère aidant, je sais qu'elle avait raison, puisque les mères ont toujours raison.

... mais je lui en ai tellement voulu.

dimanche 28 août 2011

Irène, t'es pas mal vilaine

Il y a quelque chose d'ironique et de franchement insultant à appeler "tropicale" une tempête qui se rapproche plus du blizzard que de la mousson. Tout ce qu'Irène nous a apporté des tropiques ce sont des p'tits bouts de mer, qui nous tombent sur la tête depuis ce matin. Mettons que j'ai déjà reçu souvenir de voyage plus sympathique.

Malgré tout, en regardant par la fenêtre aujourd'hui, je me suis surprise à rêver de roulades dans les feuilles mortes et de pommes au caramel. 

Hmmm. Beer. Pommes au caramel.

mercredi 24 août 2011

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Retourner à l'école après 2 mois 8 semaines de vacances, c'est comme retrouver une vieille paire de pantoufles douillettes que l'on avait rangées pour la saison chaude. C'est plein de promesses de beaux moments satisfaisants et de froidure. On sait que ce qui s'en vient, le froid pour l'un et l'année scolaire pour l'autre, est inévitable, mais on se plaît à cette idée. La première neige, qui suit toujours les premiers froids, est toujours féérique. De même, la première journée de classe est constamment empreinte d'une certaine fébrilité, comme suspendue dans le temps.

Ce matin donc, j'ai retrouvé mes vieilles pantoufles, et mes vieux potes. J'en ai rencontré des nouveaux aussi, quelques-uns. De moins en moins en fait ce qui, ironiquement, est une bonne chose. Un mouvement de personnel moindre est souvent signe que l'équipe école aime son milieu et l'ambiance y est généralement meilleure. ("Généralement" comme dans, je généralise) On peut se permettre des blagues établies selon un plan quinquennal, ça les rend plus drôle. Surtout si on sait que le monde seront encore là pour les rire dans cinq ans.

Nous avons même étés formattés, aujourd'hui. (Le "smatte" qui chiâle sur Cyberpresse que je fais des fautes, ceci est juste pour toi, au cas où: "formattés", c'était un jeu de mots). Une formation donc, donnée par certain monsieur Peacock. (Dans la salle de bal, avec un chandelier. For the record, j'étais très forte à Clue jadis, mais mon amie Marie était imbattable. Je l'écris parce qu'elle va se reconnaître et que ça va la faire tripper. Un rien l'amuse, c'est de toute beauté. Fin de la parenthèse "je plug mes amies".) Un monsieur très sympathique et au fort accent anglo (on aurait juré Colm Feore, ben pareil! J'espèrais tellement voir Patrick Huard faire le cave, en arrière, mais il est jamais apparu. M'enfin.) qui est venu nous dire d'hypnotiser nos proches, et nos élèves, pour leur faire faire ce que l'on veut ... inconsciemment. Leur infiltrer des mots et des phrases dans l'esprit en utilisant des tournures de phrases bien préçises et des mots judicieusement choisis.

Évidemment, c'était plus complexe que juste "ça" et somme toute assez intéressant, mais moi c'est le boutte que j'ai retenu. Je connaissais déjà le principe, je l'utilise souvent avec ma Face de pet ("Préfères-tu apporter ton gro'saure bleu ou ton gro'saure vert dans ta chambre, pour faire des dodos?" Vous voyez le choix qui dissimule le non-choix?  J'suis un génie. Et Mrs M. Peacock me l'a confirmé aujourd'hui.)

Abuser psychologiquement de mon fils c'est une très drôle de chose, mais de là à manipuler l'esprit innocent de centaines d'élèves, jamais je n'aurais osé. Ooooooh non madame, je ne mange pas de ce pain là, moi. Me faciliter la vie en implantant toutes sortes de comportements souhaités dans de jeunes cerveaux sans défense, à leur insu de surcroît? Jamais. J'adore l'idée.

Bref, ce fut une formation formatrice, on peut dire qu'elle a atteint son but. Reste à voir si moi, j'arriverai à mes fins. Mouhahaha.

P.S. Je suis bien consciente que j'ai effrontément agressivement intensivement abusé de la fonction "je rature mes mots pour faire rire" mais je vous jure que ça ne se reproduira pas. C'est ma fête cette semaine et y'a une loi non-écrite qui dit que l'on fait ce que l'on veut la semaine de sa fête. C'est comme ça. Alors je me gâte.

mardi 23 août 2011

Ouf ...

... c’est beaucoup de monde en même temps ça. J’ai dû faire suer des serveurs en quelque part dans la Vallée du Silicone, c’est comme rien. Suite à l’article de Mister Lagacé sur Cyberpresse, vous avez déferlé sur mon blogue comme la misère sur le pauvre monde, dixit l’adage. Une chance que je ne fournissais pas le buffet parce que j’aurais manqué de ces p’tits œufs fourrés dont tout le monde raffole mais que personne ne se fait jamais pour lui-même.


Je tenais à remercier tous ceux qui m’ont dit qu’ils appréciaient mes écrits, c’est un peu le gaz (mais en moins cher … pas mal moins cher en fait!) qui fait rouler le moteur de mon cœur. Hooooonnn. Merci aussi à ceux qui m’ont fait part de leur réalité, de la façon dont ça se passait dans leur école ou dans leur vie, par rapport à la précarité. Je suis plus que consciente de ne pas être seule dans mon bateau et que nous sommes plusieurs à nous demander s’il y a assez de radeaux de sauvetage pour nous sauver tous si jamais il se décidait à couler.


Ce sera donc demain que l’année scolaire débutera officiellement. Quelques journées pédagogiques pour sacrer après la lenteur de l’entreprise du même nom que les photocopieurs, après la rapidité à laquelle se succèderont les réunions et après la stagnation du ministère-de-l’éducation-et-de-toute-sortes-d’autres-affaires dans des dossiers qui ne sauraient souffrir plus longtemps du manque criant de leadership. Mais encore une fois, je m’égare.  


Ce sera l’occasion de retrouvailles et d’histoires de vacances (« J’te jure, il était gros de même! » diront fort probablement la célibataire délurée et le pêcheur menteur), de nettoyage de classe (Fascinant comment 2 mois d’inactivité peuvent accumuler de la poussière. Fascinant j’ai dit? Décourageant serait plus exact.) et de préparation de cours (on ne s’en sauve pas). Et ce sera l’occasion pour vous de vous délecter d’anecdotes toutes plus savoureuses, juteuses et croustillantes les unes que les autres. Du moins je l’espère. Les collègues, z’avez intérêt à me fournir du bon stock pour mon blogue. Z’êtes en mission.


Et comme diraient ceussent qui think big : Stay tuned.   

dimanche 21 août 2011

C'est toi le p'tit nouveau?

Quelle ne fut pas ma surprise ce matin (ça te décolle des paupières ça!) de voir que j'avais été référée par Patrick Lagacé sur Cyberpresse. La plupart d'entre vous arrivez d'ailleurs de là, ce matin, si je me fie aux statistiques de Blogger.

Faites comme chez vous, essuyez vos pieds en rentrant, les toilettes sont à gauche et ne regardez pas le ménage. Soyez indulgents, surtout, parce que j'ai dabord créé ce blogue pour m'amuser et non pas pour postuler pour le prochain BOBs. Je ne cherche pas non plus à ce que Bernard Pivot m'appelle par mon p'tit nom en m'invitant à prendre un verre tout en discourant syntaxe et sémantique.

Voilà, ceci dit, amusez-vous comme je l'ai fait et revenez nous voir, on n'est pas sorteux.

samedi 20 août 2011

On dira ce qu'on voudra, mais mon dépanneur de quartier existe depuis toujours et a changé ... bah, au moins 5 fois de bannière et 3 fois de propriétaire. Fait à noter, je demeure dans le quartier depuis 25 ans, minimum.  Hi-ha diraient certains. Ben d'aussi loin que je me rappelle, hiver comme été, bon an mal an, de jour et de soir, ils ont toujours vendu de la Slush Puppie. Malgré les p'tites vieilles dans le vinaigre et autres saveurs douteuses de son principal courant. La machine est toujours là, vaillante, vomissant son froid nectar de saveur simulée. Hier c'était cerise pour moi et pomme verte sûrette pour la Face de Pet ... ça a finit cerise pour lui et beurk. beurk. beurk. pour moi.

Précaire, vous avez dit précaire?

Parce que mon niveau d'exaspération est anormalement bas, parce que la brise matinale réduit ma production de frustration à son minimum et que je n'ai pas envie de regarder Monsters VS Aliens pour la Xe (je ne sais pas compter jusque-là) fois quasi consécutive (quand mon fils aime, il aime d'amour), je vais compléter un billet que j'avais écris jeudi passé, le 18 août, mais que mon ordinateur a mangé. L'excuse classique. Alors voilà.

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J'espère que vous saurez me pardonner, chers lecteurs, pour ce manque flagrant de bonne conduite blogurienne. J'ai dû m'absenter de l'écran pendant quelques jours, question de profiter des vacances familiales comme il se doit, c'est-à-dire loin de l'ordinateur et de toutes ses tentations diaboliques. Mais bon, c'est Satan qui va être content, je suis de retour pour un p'tit bout.
Mes vacances furent très agréables, merci. Nous sommes allés voir si le soleil brillait plus fort à Niagara Falls (et c'est le cas, à quantité de néons pis de p'tites lumières qui flashent là-bas, le soleil peut ben aller se rhabiller) et nous avons reçu la bella familia dans notre antre pour la deuxième portion de ce temps d'arrêt. Justement, c'est le coeur gros, mais la tête pleine de beaux souvenirs que nous leur avons souhaité un bon retour dans le Royaume du bleuet, ce matin.

Mais bon, trève d'épanchements émotifs, même si indirectement, c'est le sujet de mon billet de ce matin. En fait, je voulais vous entretenir d'un sujet où l'émotivité est reine, le stress sultan et la panique, impératrice.

Les non-inités y verront un passage obligé, mais somme toute banal, vers la toute-divine permanence fonctionnariale. Certains s'en réjouiront même, se frottant les mains comme ils le font souvent en observant le spectacle de fonctionnaires davidiens se démenant devant l'étatique Goliath. Ben quoi? Ce n'est pas ce que devraient faire tous ceux profitant des largesses (hum. hum.) de l'État? Traverser le Rubicon avant d'obtenir le droit à un minimum de stabilité, de sécurité et de prévisibilité? Ça se mérite un fond de pension môsieur. Parce que c'est moi qui paie ton salaire, môsieur. Mais bon, je m'égare.


Plusieurs, les inités, auront compris que je parle de la séance d'octroi des postes aux enseignants à statut précaire. Précaire comme dans: une permanence? dans tes rêves! Précaire comme dans:
Un « emploi précaire » ou un « travail précaire » désigne un emploi qui présente trop peu de garanties d’obtenir ou onserver dans un avenir proche un niveau de vie « acceptable », et qui engendre un profond sentiment d'incertitude sur l'avenir, un sentiment de précarité.
D'après Wikipedia. C'est cette définition qui illustre le mieux l'ambiance qui règne autour de moi aujourd'hui. "Un profond sentiment d'incertitude sur l'avenir ..." C'est exactement ça.

Dieu merci, Allah est grand, Bouddha est bien gras, je suis assez ancienne pour que cette situation m'affecte à un niveau moindre. Je serai demain matin la troisième à choisir mon poste, sur près d'une dizaine de postes intéressants (à plus de 80% de tâche) disponibles. Mais tout de même, nombreux sont ceux (nous sommes près d'une trentaine sur la liste de priorité des précaires) qui, moins anciens, doivent jongler avec l'idée de devoir choisir une tâche ingrate, alors qu'ils n'en sont qu'à quelques années d'expérience. Le genre de tâche à te rendre fou un prof permanent transpirant l'expérience et le savoir-faire. Et ça c'est ceux qui auront la "chance" de choisir une tâche, parce que la plupart repartiront bredouilles.

D'autres auront des tâches fragmentées et devront se faire spécialistes de plus de matières qu'il n'y a de période dans une journée. Et devront se séparer en autant de locaux. Ça donne des situations tellement aberrantes, parfois ...



- Tu dois compléter ta tâche? demande la direction, avide de trouver preneur pour ses miettes.

- Oui, j'ose espérer un 100%, j'suis capotée dans tête hein? répond l'enseignant, avide de se bourrer la face dans les miettes.

- Non, non, c'est parfait! Justement, il me reste de l'éthique et de l'adapt.

- Ah! Alors en plus de mes deux niveaux en univers social, où je devrai également enseigner deux matières (histoire et géo) je choisis les groupes d'éthique. Cinq préparations différentes, y'a rien là, je dors juste trois heures par nuit anyway.

- Euh ... on s'est mal compris. Ce n'est pas un choix. Tu complèteras ta tâche avec de l'éthique ET de l'adapt. Tu devras, tel Superman dans sa cabine, te transformer à la hâte entre deux battements. Et tel Arnold dans ses belles années, tu devras porter à bouts de bras le poids de tes choix. Ou plutôt de tes non-choix.

- ...

- Ouais, c'est ça, t'as pas le choix.

D'autres encore devront affronter des coupures budgétaires draconiennes car la seule tâche qu'ils auront eu la "chance" de saisir, en est une à 60, 70% parfois moins. 60% de ton salaire durant un an de temps, alors que tu as une hypothèque à payer et des enfants à habiller, c'est un sport extrême.

Remarquez, je suis tout à fait consciente que la situation est la même dans plusieurs corps d'emploi. L'accès à la permanence est un chemin de croix dans plusieurs professions et les enseignants ne sont pas les Aurores de la stabilité professionnelle. Ce qui m'enrage, en fait, (j'y arrive enfin) ce sont tous ces articles traitant du manque d'enseignants au Québec, allant même jusqu'à parler de "pénurie" et à recruter des enseignants à l'étranger.
"Selon la ministre, les accords de mobilité de la main-d'oeuvre intervenus avec les autres provinces canadiennes et l'entente conclue avec la France représentent un «atout» qui permettra d'attirer de nouveaux enseignants."
Du même souffle, la ministre met de l'avant une des principales raisons de cette soi-disant pénurie ...

"Mme Beauchamp reconnaît toutefois que le recrutement d'étudiants et la rétention des nouveaux enseignants ont «toujours été un enjeu» et que des efforts restent à faire."


Vous connaissez probablement cette sombre statistique: un enseignant sur trois quittera la profession dans les cinq premières années. Un sur trois. Un dude sur trois se dit, après quatre ans d'université à se démener pour suivre une formation insipide et complètement déconnectée (mais tout de même complétée), que malgré tout, la meilleure option demeure d'abandonner. Se réorienter. Recommencer ailleurs, autre chose. Du début. À zéro.

Donc, il y a pénurie. Plein de collègues auront de la difficulté à trouver un emploi, demain, et ce, malgré les nombreux autres collègues qui se poussent en courant (et tous ceux qui se poussent en silence, dépressifs). Mais il y a pénurie. La Commission scolaire distribue ses permanences au compte-goutte, que dis-je, avec une parcimonie et une frugalité bien radine. Et il y a pénurie. Demain matin, plusieurs collègues retourneront chez eux bredouilles, sans emploi en main, se demandant pourquoi la société ne cesse de vanter les avantages du fonctionnariat. Pourquoi la ministre de l'éducation parle de pénurie. Si pénurie il y a, elle n'est pas à Laval. Parce que ce que je verrai à Laval demain, ce sont des enseignants anxieux, stressés et angoissés à l'idée d'avoir un diplôme à accrocher au mur mais pas d'emploi pour acheter le cadre qui permettra de l'accrocher.

Sources:

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/education/201105/10/01-4398130-penurie-denseignants-la-ministre-beauchamp-se-veut-rassurante.php

http://fr.wikipedia.org/wiki/Travail_pr%C3%A9caire

Pour l'image: http://www.collectif-papera.org/spip.php?article471

samedi 6 août 2011

De fuites et d'autres choses ...

Ceux qui me connaissent bien savent que depuis 4 ans, depuis l'achat de notre maison donc, nous sommes encerclés. Ils sont partout. Tu rentres dans une pièce, il traine, là sur le bureau. Tu traverses un corridor, elle est là, adossée au mur. Je vous parle, vous l'aurez très certainement compris, des zoutils. La drill côtoie la vaisselle et le tape à mesurer pourrait se faire passer pour un bibelot d'un goût douteux, sur sa tablette. Ma vie est interrompue sporadiquement, mais régulièrement, par des épisodes de rénovation à en faire rougir Saskia (ou Sasquatch comme aime l'appeler l'Homme, hihi!). Pour ceux qui vous demandez qui est Saskia, c'est la fille qui porte toujours le même chandail à Canal vie et accessoirement, anime une émission de rénovation.

Bref, on vient de finir le sous-sol (enfin, presque. Il ne reste que des pécadilles.) et il est donc tout neuf. Flambette comme dirait l'autre. Notre panique n'en était donc que plus grande lorsque nous avons constaté, tout à l'heure, que de l'eau s'écoulait du plafond. En fait, goutte par goutte, un liquide se déversait par le biais de la lampe halogène encastrée dans la tuile du plafond suspendu. C'est l'Homme qui a allumé le premier, lorsqu'il a entendu le ploc! ploc! inquiétant. 

En un éclair, j'ai été ramenée en arrière, à il y a deux mois environ. J'ai consulté une medium (bon, bon, je vous entends d'ici rigoler, faites! faites! Je n'en ai cure.) et la madame, les yeux renversés et les paupières en convulsion (j'exagère à peine) m'avait prédit qu'elle voyait une fuite d'eau dans mon sous-sol, de faire attention. Elle a même eu la gentillesse de me conseiller la location d'un dégorgeoir, disponible dans tous les bons magasins de location d'outils. Si c'est pas un service complet ça. Bref, la sorcière, du même souffle, m'a prédit une grossesse très prochaine et une belle p'tite blonde aux yeux bleus pour le même prix. Alors vous comprendrez, qu'étrangement j'en conviens, ma réaction première à la vue de la flaque qui grossissait, fut l'excitation. Ouate de phoque, la vieille maudite avait raison, furent mes premiers mots. Elle l'avait vu. Elle savait. Oh. mon. Dieu.

Ai-je besoin de spécifier que pendant tout ce temps, l'Homme s'évertuait à soulever le plafond, tasser les tuiles, tâter les surfaces, pour tenter de découvrir d'où pouvait bien venir cette fuite. Aucun tuyau, aucune source d'eau ou même d'humidité ... étrange. Alors que je jubilais à l'idée de voir se réaliser les prédiction de cette Jojo Savard en herbe, l'Homme, un brin plus pragmatique, continuait son investigation. Ne voyant pas la source de la fuite, il s'est décidé à aller voir au-dessus, pour enfin découvrir avec horreur ce que je m'apprêtais à constater à l'instant même, à l'étage du dessous. Le liquide était chaud. Le liquide était jaunâtre. Le liquide puait la pisse. Le liquide ÉTAIT de la pisse. Une mer de pisse. Un monde de pisse. D'la crisse de pisse.

Ceux qui me connaissent bien savent à quel point la durée de vie des chiennes est raccourcie de jour en jour. Elles sont malades, elles souffrent, mais c'est surtout que nous sommes tannés. Exténués. En fait l'Homme, surtout, est pas mal tanné. En fait je pensais pas que c'était humainement possible d'être plus tanné qu'il ne l'était. J'avais tord.

Pis en plus, ça veut dire que la voyante, finalement, était pas aussi hot que ça. Poche. 

mercredi 3 août 2011

L'Église catholique me tient par les couilles ...

... et je ne suis même pas un p'tit garçon.

J'ai eu affaire à cette institution à plusieurs reprises dans ma vie. J'ai commencé par être baptisée, première communiée, pardonnée puis confirmée et à travers toutes ces étapes de ma (très) jeune vie spirituelle, j'ai assisté à mon lot de messes et de cérémonies. Je n'en comprenais que rarement le sens profond et je trouvais que mes dimanches matins auraient pu être voués à une cause plus amusante que le Salut de mon âme, que je savais en perdition, de toute façon. Mais bon, ce que maman chérie veut, Catherine veut, alors je l'accompagnais sagement, sans mot dire (maudire). Mon père demeurait à la maison, le chanceux. Parce que, disait maman. Parce que.

Ensuite je suis entrée au secondaire, chez les soeurs, comme je me plais à dire. En fait, si j'ai eu 10 religieuses qui m'ont enseigné ou directionné, au long de mes cinq années, c'est beau. Mais bon, l'école était de confession chrétienne catholique et il y avait plus qu'une chapelle dans la bâtisse, alors on ne s'en sort pas. À cette époque je me suis également rapprochée d'une grande tante, religieuse également. La tante paternelle de ma mère en fait, qui dans son jeune temps s'occupait entre autre (mais c'était bien plus que ça, au bout du compte) de jeunes filles en perdition. Nous nous sommes rapidement comprises. Toutes les questions théologiques m'intéressaient grandement, mais je crois que c'est le lot de tous les adolescents qui voient dans le mysticisme et le surnaturel une source excitante de curiosités.

Pourquoi si Dieu est amour et pardon a-t-il décidé de détruire Sodome et Gomorrhe? Caïn, Abel et Seth, les trois fils d'Adam et Ève, ont perpétué la race humaine en faisant ... ? Et pourquoi les bébés morts-nés et donc non-baptisés, donc pourquoi ces êtres, purs parmi les purs, iraient moisir dans les limbes et non pas resplendir au paradis? ... toutes ces questions, et plusieurs autres, faisaient monter en moi une révolte de plus en plus présente (ah! l'adolescence!) qui m'empêchait d'avoir la Foi. T'sais la Foi avec un grand "F". Celle qui te demande de croire sans voir, d'embarquer dans le troupeau sans même savoir où ce dernier te mènera, celle sans qui ce château de carte confessionnel ne tiendrait pas longtemps debout.


Alors voilà, c'est dit, je n'ai pas la Foi. Comme Voltaire " L'univers m'embarasse, et je ne puis songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger" je crois que Dieu existe. Mais la religion? Foutaises.


Je me rends compte aujourd'hui cependant que je suis bien embêtée par mon agnosticisme. En effet, c'est un peu à cause de lui que l'Homme et moi avons cru bon de laisser le libre choix à notre progéniture. Lorsque les rejetons seront en âge, nous nous assirons avec eux et leur expliquerons ce qu'il en est. La religion est selon moi un sujet trop important pour être aveuglément imposé. Cela va beaucoup plus loin qu'une simple tradition que l'on perpétue. Bref, le premier (et ceux qui suivront si Dieu le veut) n'a pas été baptisé. Il ne fait donc pas partie de la grande famille de Jésus. Jésus est son ami, mais pas son frère. Donc Notre Père, à l'Homme et à moi, n'est pas celui de ma demi-portion. Parce que vous l'aurez compris, en fiers représentants de la valeureuse race canadienne-française, l'Homme et moi avons été oints du saint chrême, deux fois plutôt qu'une, oui monsieur. Jusque là, pas de problème. Nous sommes baptisés et lui pas, mais nous sommes aussi vierges et lui est verseau et personne ne s'en porte plus mal.

Erreur.

J'ai réalisé aujourd'hui que si mon héritier décédait demain, je ne pourrais pas l'enterrer auprès de la femme de laquelle j'ai reçu ce terrain en héritage, ma mère. Si à l'opposé, je décédais demain en faisant hériter mon héritier de ce bout de terre consacré, il ne pourrait même pas s'y faire enterrer à son tour. Évidemment, c'est la logique même. C'est un cimetière chrétien catholique, rattaché à une église chrétienne catholique, dans une paroisse chrétienne catholique. Il est normal que nous ne puissions y mettre en terre un être humain n'ayant pas reçu le sacré sacrement. Qu'on se comprenne, je ne remet pas en question le droit à l'Église catholique de réserver l'enterrerement sur ses terres à ses brebis.

J'espère n'avoir jamais à décider de l'endroit où j'enterrerai mon fils, mais soyons réalistes, il y a quand même des chances pour que cette éventualité se présente à moi un de ces jours. Et ce jour-là, je serai fourrée. Damn.

D'un autre côté, m'man et (dans un avenir très rapproché, je travaille fort là-dessus, enterrer les cendres) l'frérot auront de la place en masse pour giguer, les longs soirs d'hiver.