lundi 26 décembre 2016

Mélancolie festive

Je me rappelle d'un Noël où ma mère, au grand dam de mon père, avait décidé de troquer la traditionnelle dinde pour de toutes mignonnes cailles. Je les revois encore, les deux petites volailles dorées, bien délicates à côté de patates plus si grelot que ça. Je me rappelle que le regard exaspéré du paternel contrastait effrontément avec la fierté pétillante qui envahissait ma mère, lorsqu'elle a déposé nos assiettes sur la table.

Dieu qu'elle me manque.

Elle me manque tout le temps, mais comme la douleur liée à sa perte est proportionnellement inverse au niveau de bonheur ambiant, elle me manque cruellement dans le temps des Fêtes.

Quand j'ai scrapé mon sucre à la crème, j'aurais aimé l'appeler pour lui dire que ce qu'il y a de cool avec mon époque, c'est que je peux faire passer ça sur le dos d'un lutin. Pis que je peux le publier sur Facebook pour faire rire mes amis, ou l'écrire ici pour en faire pleurer d'autres.

Quand nous avons fait notre sapin, j'aurais aimé lui en envoyer une photo. Je lui aurais montré qu'heureusement, les pins ne sont plus tendance en 2016 mais que je m'ennuie de mettre des glaçons métalliques sur chaque épine de notre estival conifère. D'ailleurs, ça me fait penser qu'étrangement je m'ennuie de ses guirlandes métalliques en accordéon, celles qu'elle accrochait au plafond en pinçant les lèvres, de peur que le papier collant arrache la peinture une fois les Fêtes passées.

Quand pour la première fois de la saison l'Homme a fait vibrer la maison de ses festifs rigodons, j'aurais aimé lui dire de passer faire un tour, de venir voir comme ses petits fils ont la même étincelle qu'elle dans les yeux, lorsqu'ils rient. En fait, s'il n'y a qu'une chose que j'aurai retenu de son passage dans ma vie, c'est définitivement l'importance d'embraser les regards. De toujours garder la flamme vive.

Lors du réveillon de Noël, j'aurais aimé qu'elle me raconte ceux de mon enfance. Surtout ceux, toute petite. Le souvenir que j'en ai est fade et délavé, tellement il a été ressassé. J'aurais aimé qu'elle soit là, et elle aurait probablement adoré y être. Je me rappelle encore comment elle se promettait d'être une grand-maman gâteau, tarte et bonbon, alors que je n'avais que 12 ans à peine. Ça aurait été son meilleur rôle à vie, à n'en point douter.

Si elle avait encore été parmi nous, je pense que cette année je lui aurais cuisiné des cailles, question de la faire rire et de voir une fois de plus dans ses yeux, l'étincelle qui rayonne aujourd'hui encore, à travers mes garçons.