samedi 26 septembre 2009

Pierre Falardeau n'est plus. Le Québec vient de perdre un de ses pilliers ... écoutez bien, le sol en tremble encore.



Voici une lettre qu'il a écrit à son fils Jérémie alors âgé de quelques mois à peine. Je ne saurai jamais mieux dire.





Salut, Jérémie,



On se voit pas très souvent. Je suis toujours à courir à gauche et à droite. J'essaie de faire ma petite part pour l'indépendance. J'écris des articles, je prépare un film, je fais des discours un peu partout. Hull, Trois-Rivières, Sherbrooke, Québec. Je mets l'épaule à la roue, comme on dit. Un simple militant parmi tant d'autres dans la lutte commune.



J'arrive à la maison, le soir, mort de fatigue. Des fois déprimé à mort, d'autres fois chargé à bloc. Quand je te change de couche, tes sourires et tes guili-guili me remontent le moral. Je t'écoute rire et ma fatigue disparaît. Je te regarde me regarder, l'air heureux, et je suis heureux à mon tour. Je renais à la vie. Tu me redonnes le goût de continuer à me battre. Un bon départ pour un ti-cul de trois mois!



Dans quinze ou vingt ans, tu liras peut-être cette lettre. À ce moment-là, ton père sera devenu un vieil homme. Vainqueur ou vaincu, peu importe. Au moins, tu sauras qu'il n'a pas reculé, qu'il n'a pas courbé la tête, qu'il ne s'est pas écrasé bêtement par paresse ou par lâcheté. Tu sauras qu'il s'est battu pour la cause de la liberté comme tu devras te battre à ton tour. C'est la loi des hommes, la loi de la vie. Cette lutte pour la libération de notre pays dure depuis deux cent trente-cinq ans. Avec des hauts et des bas. Des défaites graves, parfois des victoires. Des moments d'enthousiasme. De longues périodes de repli et d'écrasement. Bien des combats, mais aussi des reculs déshonorants. Et pourtant ! Nous résistons toujours.



Depuis 1760, nous continuons à résister. Nos ennemis sont puissants. Ils ont le pouvoir, l'argent, la force. Nous n'avons que nos rêves, notre volonté, notre détermination. Ils ont la télévision, la radio, les journaux. Nous n'avons que nos bras, nos jambes et nos cerveaux. Ils ont la loi, le nombre, le poids de ce qui a été et de ce qui est. Nous n'avons que l'imagination, le courage, l'espoir. Nous avons la force de ce qui demande à être, la force de ce qui sera. Comme la fleur qui pousse dans une craque d'un mur de béton. Le mur finira par s'écrouler. Nous pouvons vaincre. Nous devons vaincre. Pas le choix. Le temps nous est compté. Nous sommes au pied du mur.



L'indépendance n'est pas une lutte constitutionnelle, comme aime à le répéter le bouffon à la gueule croche, mais une lutte pour la vie ou la mort. Et la mort des peuples, c'est aussi la mort de quelqu'un. Nous pouvons vaincre. Si nous le voulons. Seulement si nous le voulons. Notre pire ennemi, c'est nous-mêmes. Notre paresse. Notre stupidité. Notre manque de constance. Notre sens congénital de la culpabilité. Notre manque de confiance. Y a des jours, Jérémie, j'ai l'impression qu'on n'y arrivera jamais. Je regarde aller nos élites, comme certains se nomment eux-mêmes, et ça me donne envie de vomir.



La petitesse de ceux qui nous trahissent et nous vendent, depuis plus de deux cents ans, pour quelques médailles et une poignée de dollars me lève le coeur. La mollesse de ceux qui tentent de résister et de défendre le peu qu'il reste à défendre me désole.



C'est vrai que souvent notre seul accès au réel passe par les journalistes à gages ou les autres, cyniques et désabusés, qui à force de vouloir avoir l'air objectifs penchent toujours du côté du plus fort. Entre le fort et le faible, entre l'exploiteur et l'exploité, entre le colonisateur et le colonisé, il n'y a pas de place pour ce qu'ils appellent doctement l'objectivité. Cette pseudo-objectivité est en soi un choix politique. C'est une trahison. On est d'un bord. Ou de l'autre.



Mais il y a plus grave encore que la mollesse des chefs. Il y a la mollesse du peuple. La mollesse de ceux qu'on appelle les mous, qu'on traîne comme un boulet et qui nous entraînent vers le fond comme des bottines de ciment. Notre propre mollesse. À chacun d'entre nous. Nos querelles intestines. Nos divisions incessantes. Ce ton pleurnichard et enfantin dans la défense corporatiste des petits intérêts de chacun, jeune ou vieux. Moi. Moi. Moi. Toujours moi. Toujours des consommateurs. Jamais des citoyens responsables. Responsables d'eux-mêmes, des autres, de la société, du pays. Mes privilèges, mes droits. Toujours. Jamais mes devoirs.



Où sont-ils les intellectuels, les artistes, les savants? Où sont-ils les artisans, les ouvriers, les syndicalistes? Où sont-ils les cultivateurs, les étudiants, les jeunes travailleurs?



Et les autres? « Où êtes-vous donc, bande de câlices? » comme disait le cinéaste Gilles Groulx. Au baseball ? Au centre commercial ? À Paris ? À New York ? Chez Citadelle, en train d'acheter une piscine hors-terre ? Dans le garage en train de faire reluire un tas de tôle? Dans la cour en train d'éliminer les pissenlits à grands coups d'insecticide?



Chacun est responsable. Personnellement. Responsable de tous. Responsable de tout. Quelles que soient sa langue, son origine ethnique et la couleur de sa peau. Il y a un prix pour la victoire. Il y a un prix pour la défaite. Le moment venu, chacun devra rendre des comptes.



Dans quinze ou vingt ans, Jérémie, je ne sais pas trop où tu en seras. Mais je sais une chose : aujourd'hui, moi, je vais me battre. Avec passion. Avec rage. Avec méchanceté. Comme un chien. Avec les dents et les griffes. Je vais me battre avec d'autres, plein d'autres qui eux aussi veulent se battre, écoeurés de perdre. J'en ai assez. Cette fois-ci, il n'est pas question de reculer. Nous pouvons vaincre. Il s'agit de le vouloir.



Salut, Jérémie! Je te laisse sur ces deux citations :



« Cela ne pourra pas toujours ne pas arriver. » (Gaston Miron)



"By any means necessary" (Malcolm X)

C’est dans des moments comme ceux-là que les manchots ont toute mon admiration. Non mais y-a-t’il des morceaux de notre physionomie plus importants que les bras en général, les mains en particulier? Après avoir vu le résultat d’une partie de jambe en l’air productive (et là je ne parle pas du plan de cours que j’ai fait l’autre jour alors que je me faisais honorée par mon chum mais bien de la naissance de mon fils) je dirais les organes reproducteurs, mais à bien y penser, changer des couches pas de bras, ça doit pas être une partie de plaisir. Ceci dit, conduire un truck avec une main ensanglantée et l’autre qui fait son possible pour que la première ne soit pas plus ensanglantée qu’elle ne l’est déjà, c’est une prouesse digne du Cirque du Soleil. J’ai dû en faire sacrer des p’tits messieurs rageurs au volant, je conduisais comme un hybride entre Jacques Villeneuve et une personne aveugle participant au Défi-Vision de Mira... bref, comme un danger public.


C’est donc très surprise d’être arrivée en un seul morceau que je suis entrée à la Polyclinique, les yeux pleins d’eau, la bouche pleine de souffrance et les mains pleines d’un linge à vaisselle trop rouge pour que ce soit sa couleur habituelle. Je croyais que j’attirerais un minimum de pitié, ne serait-ce que de la compassion, de la part de la réceptionniste qui clairement, n’en avait rien à cirer d’assister live à ma catastrophe personnelle. Je croyais aussi, bien innocemment, qu’une personne en train de se vider de ses fluides corporels passerait avant une personne venue quêter un papier de CSST et une autre sa pilule du lendemain mais non. La sacro-sainte file d’attente ne se laisserait pas facilement avoir, et je l’ai vraiment réalisé lorsque notre nounoune de service, derrière son comptoir de réception, essaya d’insérer le petit papier que venait de cracher le distributeur de numéros, dans mon linge à vaisselle plein de plaquettes, de plasma et de globules. Encore chanceuse que je ne sois pas arrivée là inconsciente parce que je mets un 10 sur la table qu’elle me l’aurait mit dans bouche.


Voyant mes yeux qui lui lançaient des seringues pleines de H1N1 (quoi?! C’est concept non? Pis ben plus épeurant que des couteaux!) Elle s’est probablement dit qu’une petite blague détendrait l’atmosphère et s’est mise à me raconter la fois où elle s’était ouvert la jambe en randonnée. Que « c’était pas drôle, ça faisant dont mal, mais ça saignait pas mal moins que toi, parce que toi là, ouf! Ça saigne! Mais bon, je me promenais dans le bois … » Non mais on s’en fou !!! Pis le pire là-dedans c’est qu’elle a finit en me disant « Mais moi là, je te raconte ça pour te faire rire là, parce que t’en as vraiment besoin, si tu te voyais la face tu comprendrais … » Ah oui? Je comprendrais quoi au juste? Que j’ai la face d’une fille qui ne sait pas comment elle fait pour se retenir de ne pas te dévisser la tête? D’une fille qui se demande comment ça se fait qu’elle ne se soit pas encore servie de ton corps comme d’un bélier pour défoncer la porte menant au cabinet du docteur? … Saleté de réceptionniste.

Bref, après avoir attendu après une gang de taouins qui se présentent à l’URGENCE pour plein de raisons sauf une URGENCE, j’ai fini par me faire examiner par un docteur. Pauvre lui, je suis rentrée dans son cabinet avec la ferme intention de lui expliquer qu’à intelligence égale il sauverait pas mal d’argent à s’engager une guenon comme réceptionniste. J’étais pas mal crinquée mettons. Il a dû le remarquer à la boucane grise qui me sortait des oreilles, à mes yeux injectés de sang ou à l’écume qui s’écoulait de la commissure de mes lèvres, parce qu’il a été super sympathique! Un vrai docteur qui a l’air de tripper à recoudre des lambeaux de chair et à donner des injections contre le tétanos! C’est sur que ça fait changement quand ton activité principale c’est d’être une machine à prescriptions … ou à formulaires de CSST! Bref, docteur Archambault, si c’était pas de vous, ce texte en aurait été un de chialage, de critique et de révolte. Quoique …

mercredi 23 septembre 2009

Aïe! aïe! aïe!

Y'en aura pas de facile ... qui aurait cru que de laver la vaisselle était un sport extrême? Je suis pas sûre que mes assurances couvrent les bris physiques reliés à l’exercice d’un sport aussi risqué pour ma personne que ce l’est pour ma vaisselle.


Je m’explique. Hier après-midi, Face de Pet étant à la garderie et mes dix doigts ne sachant quoi faire de leur corps, je me suis dit que ça ne serait pas bête de me rendre utile. Question que l’on se rappelle de moi après ma mort. Alors donc, c’est le cœur rempli de ce sentiment propre aux personnes sachant qu’elles vont accomplir quelque chose qui changera la face du monde, que je me suis dit que j’irais faire la vaisselle. Non mais hein, pourquoi pas.


C’est donc le sourire aux lèvres, l’entrain dans l’eau chaude et le bonheur dans le savon à vaisselle que je me suis engagée sur la voie de l’hygiène domestique. Plus question de voir les rats s’abreuver dans les chaudrons qui trempent dans l’eau stagnante pour en faire décoller les mottons. Enough is enough, à moi le récurage des assiettes collantes, puantes et peu ragoûtantes. La guenille allait passer un sale quart d’heure … qui se serait douté un seul instant que c’était plutôt moi qui allait y goûter … et là je ne parle pas de goûter aux restants de patates visqueuses. Jamais je n’aurais imaginé la violence qui émanerait de cet acte qui somme toute, est assez banal.


Banal vous avez dit? Ouais c’est ça, me semble. Je dirais plutôt sanglant, morbide et souffrant. J’étais tout bonnement en train d’astiquer de jolies petites soucoupes doloramiennes en verre lorsque PACLOW! L’un deux m’éclata effrontément au creux de la main, laissant ma chair ouverte et ensanglantée.


Là une pause s’impose. Quand je dis ouverte, je veux vraiment dire ouverte là. Ouverte comme on ouvre une dinde pour en extraire les abats. Ouverte comme on ouvre une citrouille à l’Halloween. Ouverte comme Hannibal le cannibale ouvre un cerveau. Ouverte comme, oui, bon, vous avez compris. Pis pour ce qui est du sang, il y en avait partout! Sur les plats, les assiettes, les verres, les fourchettes! Oui bon, j’imagine que, parce que bon, le sang est tombé dans l’eau de vaisselle, mais je vous jure, un film de Rob Zombie c’est de la petite bière à côté du carnage que ce devait être dans mon évier. J’en suis certaine.


L à c’est le moment où tout adulte sensé devrait garder son sang froid et se rappeler les techniques de premiers soins apprises lors de son cours de gardien averti de 6e année. Il va donc de soi que c’est le moment que j’ai choisi pour paniquer, courir partout et pleurer. Je m’imaginais déjà couchée sur la table d’opération, un docteur aux perles de sueur sur le front tentant de sauver mon doigt d’une putréfaction certaine. De voir un truc blanc qui ressemblait à mon os de pouce derrière quelques amas de chair ensanglantée n’a pas dû aider, mais bref la panique était aussi palpable dans ma cuisine qu’elle l’est en ce moment à l’Organisation Mondiale de la Santé avec leurs histoires de pandémie. C’est pas peu dire.


C’est avec le peu de jugement qui me reste que je réussis à trouver un vieux lige à vaisselle relativement propre pour appliquer une pression sur ma plaie. Wow, ça marche, le sang arrête de gicler sur les murs (j’exagère un peu mais c’est pour ajouter au suspense). Deuxième étape : appeler au CPE pour dire que je risque d’être en retard pour aller chercher Face de Pet. Bon, cherche le numéro astheure. Fouille, cherche, investigue, un peu plus et je retrouvais les millions de Vincent Lacroix tellement je me suis donnée! Bon! Trouve le numéro du CPE, appelle, tombe sur une machine (la joie!) qui me dit finalement «Pour la pouponnière, appuyez sur le 4 » Yess! C’est donc le téléphone dans une main, l’autre main sur le chiffon qui est sur la première main qui tient le téléphone, que je tente d’appuyer sur le 4, pour me faire répondre « Désolée, la touche sur laquelle vous venez d’appuyer ne correspond à aucune des options disponibles» QUOI? WTF?! C’est que j’ai pas le temps moi là, de me faire niaiser. Raccroche, recompose, recommence, appuie de nouveau sur le 4, même réponse (mais cette fois-ci j’aurais juré qu’elle se retenait pour pas rire) … Je fais donc ce que l’on devrait toujours faire avec les putains de machines, c’est-à-dire les envoyer promener et faire le 0. Enfin, un être humain me répond! J’explique que le 4 ne fonctionne pas et je me fais répondre « Ben là, c’est sûr, c’est le 227 qu’il faut faire! » Euh … quoi?! C’est pas sérieux là? Et la caméra cachée elle est où? Ah pis d’la marde, pas le temps de niaiser, passe-moi la pouponnière. Non mais …


Je réussis finalement à avertir l’éducatrice de Face de Pet de mon retard, la voix remplie de trémolos et le combiné noyé de larmes. J’ai dû passer pour une hystérique, mais faut ce qu’y faut. Je réussis à avertir mon chum que je dois partir pour la clinique mais le pauvre, j’ai perdu tellement de temps avec la ?%*$!* de ?%*+&? d’>¨^`&$/ de &¨^ ($/ » de machine que j’ai juste le temps de lui dire « Là je viens de m’ouvrir le pouce solide, je m’en vais à clinique! Bye! »

J’embarque alors dans mon truck, me disant que mes souffrances seraient bientôt apaisées … mais je n’aurais pu imaginer à quel point j’étais dans le champ … elles ne faisaient en fait que commencer!

mercredi 9 septembre 2009



Aujourd'hui nous sommes le 9 du 9 2009 et j'ai manqué le 9h09 et 9sec ... j'étais dans la douche. C'est la date qu'ont choisi les promoteurs du nouveau coffret numérisé et remasterisé des Beatles pour le mettre en vente. C'est aussi la date du décès, en 1976, de Mao Zedong et de la naissance, en 1948, du communisme en Corée du Nord.




Aaaaah le communisme. Autant il effraie les américains, autant il me laisse perplexe ... avez-vous déjà imaginé ce que ce serait, de vivre dans un état communiste?

Mon père me parlait souvent du miracle chinois; il magnifiait beaucoup le communisme en affirmant que c'était grâce à ce régime qu'aucun citoyen de ce très populeux pays ne mourrait de faim. Il ignorait que de 1958 à 1961 près de 15 millions de chinois sont décédés suite à ce que les officiels appellaient "Les trois années de catastrophe naturelle". Évidemment la nature n'était pas de leur côté puisqu'il y a en effet eu plusieurs désastres naturels ayant détruit les récoltes à cette époque, mais les observateurs étrangers ont tôt fait de rectifier l'histoire et de rejeter le blâme en grande partie sur les bouleversements institutionnels reliés au "Grand bond en avant".

N'empêche, le communisme a tout de même ses bons côtés. Pas de classes sociales, tous égaux en richesse et en droits, l'absence de propriété terrienne ... tout cela est bien utopique, mais ce matin, en regardant par la fenêtre, j'ai vu mon voisin qui se prélassait sur le bord de la rivière. Je me suis demandée ce qu'il adviendrait si je me joignais à lui en lui expliquant que la terre n'appartient pas à personne mais bien à tout le monde. Puis je me suis demandée ce qu'il adviendrait si cette maison m'appartenait et que je voyais un tarla venir me parler de communisme dans son pyjama élimé.

Comme quoi tout est relatif ici bas.



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mardi 8 septembre 2009

Déjà le 8 septembre! Ça fait drôle de dire que la dernière fois que je vous ai écrit c'était le mois dernier! Comme ça fait drôle de dire tarapatapom. Mais ça, ça a pas rapport... quoique, on en est pas à une niaiserie près!

Plusieurs choses depuis tout ce temps! Face de Pet est officiellement un chaton 2 heures par jour, 4-5 jours par semaine! La mutation se fera progressivement, et d'ici la fin septembre je devrais avoir un chaton en couche jetable 4-5 heures par jour, 4-5 jours par semaine! Le PQ nous avait promit un enfant, une place en CPE et je l'ai eu sans même qu'ils aient été élus ... c'pas super bon pour augmenter leur électorat ça!

Je ne saurais pas vous dire comment, ni pourquoi, mais j'ai été appelée pour une place en CPE. J'aurais beau l'écrire quarante fois en cinquante-trois langues différentes, je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée. Une place en CPE c'est comme un homme qui offre des fleurs juste de même, pour dire je t'aime ... on sait que ça existe mais personne n'en a jamais vu. Tout le monde en parle comme Esteban, Tao et Zia de leur Cité d'or. Tellement que j'étais certaine que l'on me ferait parvenir une carte avec des énigmes à résoudre et des épreuves à accomplir afin que le Grand Manitou des CPE puisse voir si mon coeur est assez pur et mon âme suffisamment noble pour la mériter, ma place en CPE.

Donc c'était le 1er septembre dernier que j'ai apprivoisé la bête, et qu'une éducatrice a tenté d'apprivoiser la mienne, ma bête. C'est fou d'imaginer que de si grands cris puissent sortir d'une si petite boîte à sourires. Je sais pas si c'est le vert des murs ou l'idée de réaliser qu'il n'est pas le seul spéciment de son espèce à baver, péter et roter sans vergogne, mais Face de Pet ne semble pas trop trop emballé par l'idée de devoir affronter ce monde sans merci qu'est le CPE. À date je dirais même que c'est pas dans le top 100 de ses endroits préférés. Et c'est tout dire parce qu'il ne connaît même pas 100 endroits différents.

Mais bon, on garde espoir qu'un jour il réalise que sa mère a dû combattre des géants mythiques et traverser des torrents infestés d'anguilles électriques afin de lui trouver cette place. Il saura que les énigmes des gnomes ont été résolues et les monstres de la fin prestement décapités afin qu'il ait le privilège de se promener dans un poupon-bus. Et ce jour là, il appréciera.

Oh que oui, il appréciera.

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