lundi 5 mai 2014

On lira quand on sera mort.

L’autre jour, à la friperie locale, il y avait une vente de livres usagés et je m’en suis procuré un, qui est en fait un classique dans ma profession, Émile ou De l’édu

-          « Étienne, lâche l’écran du portable, tu vas le briser. »

cation, écrit par Jean-Jacques …

-          « Guillaume bâtard, c’est quoi l’idée de licher mon écran? Tu te demandais vraiment ce que ça pouvait goûter?! »

… Rousseau. Non seulement c’est un livre que j’aurais dû lire à l’université, mais je devrais même être en mesure de pouvoir en réciter des extraits, question d’impressionner mon directeur et d’embêter mes a…

-          « Ben oui Guillaume, c’est très drôle un gant sur ton pied. ÉTIENNE! Arrête de faire tes dents sur la table du salon!»

…mis. Mais non, même s’il s’agit là d’une œuvre magistrale, je n’ai jamais lu le bouquin de Rousseau. En fait je n’ai même jamais lu un de ses écrits. On m’en a déjà exposé les idées générales, j’ai même déjà fait des travaux sur sa vision de l’éducation, mais je n’avais jamais lu l’œuvre intégrale. Alors je me suis procuré l’ouvrage de poche pour probablement le même montant qu’on dû le payer les lecteurs de l’époque, si ce n’était de l’inflation.

Ce n’est qu’une fois arrivée à la maison que j’ai réalisé quel geste inconscient je venais de faire.

-          « Ben oui mon bébé, maman va lâcher l’ordinateur et aller te faire à dîner. Donne-moi deux secondes, j’arrive au punch là. »

J’avais acheté un livre.  Comme lorsque j’étais jeune, insouciante et ...

-          « Guillaume arrête de pleurer, Étienne n’a pas pu te mordre SI fort, c’est juste qu’il a faim là… »

… libre. Libre de mon temps, libre de mes gestes, libre de penser.  J’avais le temps, jadis, de me verser une coupe de vin, de m’asseoir dans mon fauteuil préféré et de me perdre dans une avalanche de mots. Maintenant, quand j’attrape au vol un cinq minutes de plénitude, j’engouffre mon vin, préalablement versé dans un verre de plastique, question que …

-          « Et le tournoi de baseball dans la maison, c’est l’idée de qui?  »

… vous aurez compris. Lorsque, mon gobelet de super-héros plein à ras bord de vin dans la main, je fais preuve de ruse pour éloigner l’ennemi (de 5 ans à peine, mais aux âmes bien nées …) de mon précieux fauteuil, c’est plutôt sous une avalanche de jouets et de trucs gluants non-identifiés que je me retrouve.


Et c’est ainsi qu’Émile ira rejoindre Astérix chez les Pictes que je n’ai même pas encore ouvert et L’Ombre du vent, que j’avais eu la chance d’entamer, alors que je passais une nuit dans ce tout-inclus à l’occasion de la naissance de mon deuxième gobeur de temps. Il ira ajouter de la hauteur à cette tour de livres que j’aurais dévorée dans ma vie d’avant, mais dont je ne peux qu’humer la délicate odeur de papier fraîchement imprimé dans celle-ci.    

1 commentaire:

  1. Tiens, tu es passée chez moi?


    Pour Astérix chez les Pitres, ne culpabilise pas. C'est encore pire que tout. depuis la rose et le glaive, y a rien qui vaille la peine.

    Marie

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